Le phénomène prend de l'ampleur au Québec. En seulement quatre mois, la province a enregistré un nombre record de demandes d'asile provenant d'étudiants internationaux, soulevant des questions importantes sur l'efficacité des mesures de contrôle récemment mises en place.
Des chiffres qui interpellent
Les statistiques officielles d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) révèlent une tendance préoccupante : entre janvier et avril 2025, pas moins de 2 350 étudiants étrangers ont déposé une demande d'asile au Québec. Pour mettre ce nombre en perspective, il équivaut déjà à l'ensemble des demandes enregistrées pour toute l'année 2023, et représente la moitié du volume total de 2024.
Cette progression fulgurante touche particulièrement certains établissements d'enseignement. Le Collège Ellis de Trois-Rivières arrive en tête avec 215 demandes, suivi de près par l'Université du Québec à Chicoutimi (190 demandes) et le Collège Supérieur de Montréal (185 demandes). L'Université du Québec à Rimouski compte 130 demandes, tandis que l'Université de Montréal et l'Université du Québec en Outaouais enregistrent chacune 125 demandes. De nombreux autres cégeps et universités de la province sont également concernés par cette tendance.
L'effet retard des politiques restrictives
Cette hausse peut sembler paradoxale au regard des mesures adoptées récemment par les gouvernements fédéral et provincial. Ottawa a effectivement instauré un plafond sur les permis d'études, tandis que Québec a mis en place des quotas d'admission pour limiter l'afflux d'étudiants internationaux.
L'explication réside dans la nature même du système d'immigration. Les permis d'études accordés avant le durcissement des règles demeurent valides pendant plusieurs années. Ainsi, un étudiant admis en 2022 conserve la possibilité de présenter une demande d'asile en 2024 ou 2025, créant un décalage temporel entre les politiques restrictives et leurs effets concrets.
?Cette situation illustre la complexité de la gestion des flux migratoires et soulève des interrogations sur l'anticipation des conséquences à long terme des politiques d'immigration étudiante.